Le café constitue l’un des produits commerciaux les plus importants dans le monde et représente une culture commerciale de première importance pour les pays tropicaux. La culture est basée principalement sur deux espèces : Coffea arabica, une espèce d’altitude (+/- 60 % de la production mondiale du café vert c’est-à-dire préparé via des graines de café non-torréfiées) et Coffea canephora, une espèce de basse altitude (‘café Robusta’, env. 40 % de la production mondiale du café vert). Dans les décennies à venir, la culture du café ‘Arabica’ sera considérablement affectée par le réchauffement climatique et les maladies dans presque toutes les régions où elle est pratiquée. Les espèces sauvages qui leur sont apparentées pourraient être une source importante pour l’amélioration des variétés de production ou même devenir des espèces alternatives exploitées commercialement.
Dans ce projet, nous étudierons et évaluerons le potentiel d’une espèce endémique de montagne dans la région du Kivu, Coffea kivuensis. Bien que cette espèce ait déjà été découverte dans les années 1930 et décrite par Lebrun en 1932, elle reste peu connue et n’est représentée dans aucune collection de matériel génétique de café ou de jardins botaniques. En 1998, Piet Stoffelen (JBM) a conclu dans sa révision des espèces de caféier en Afrique centrale et occidentale que C. kivuensis est distinct mais néanmoins étroitement apparenté à C. eugenioides et C. arabica. Il a une forte ressemblance phénétique et écologique avec C. arabica. Ainsi, il pourrait être l’une des deux espèces ancestrales de l’allotétraploide Coffea arabica et, à ce titre, il constitue une espèce particulièrement intéressante. Cette affinité a été confirmée dans l’étude phylogénétique de Maurin et al. (2007), ceci sur bases des collections récoltées dans les années 1930. L’espèce ne fut redécouverte que récemment, en 2003 et 2008 par Céphas Masumbuko Ndabaga (UOB, coordinateur du projet) respectivement dans le massif d’Itombwe et sur le Mont Kahuzi dans le Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB). En 2014, lors d’une expédition botanique sur le massif d’Itombwe, Céphas Masumbuko Ndabaga et Jean-Claude Ithe Mwanga Mwanga (CRSN) découvrirent une deuxième population de l’espèce. Au cours de plusieurs missions, ils ont largement échantillonné les populations de l’espèce et ont constaté que dans le massif d’Itombwe l’espèce est utilisée par la population riveraine de la Réserve. Dans une autre étude menée par Chantal Shalukoma (ICCN), il a été constaté qu’elle est utilisée par le tradi-praticiens (Shalukoma et al. (2016) et qu’elle fait aussi partie de l’alimentation des gorilles de Grauer sur le Mont Kahuzi (Shalukoma, 2016).
Dans ce projet, nous allons réunir différentes expertises pour :
• intégrer les connaissances existantes sur l’espèce et son habitat et évaluer ses propriétés génétiques, morphologiques et écologiques (UOB, CRSN, ICCN, JBM);
• propager l’espèce afin de contribuer à sa conservation ex-situ et en vue de sa introduction dans une collection locale et en vue de son évaluation potentiel agronomique (partenaires VECO, UCG, JBM) comme une alternative possible de Coffea arabica. Afin de tester cette espèce pour la production commerciale des grains de café vert, nous allons collaborer avec une ONG (VECO-R.D Congo) active dans l’appui aux producteurs familiaux de café et à la transformation coopérative du café pour l’exportation.